Oliviers de Serres en 1600

Olivier de serres

Il y a quatre siècles exactement disparaissait Olivier de Serres, souvent désigné comme « le père de l’agronomie moderne ». Nous lui devons l’enrichissement des sols par la culture de plantes fourragères, l’introduction des légumineuses, des travaux de référence sur l’irrigation…  Des expérimentations quasi scientifiques à l’époque et  dont aujourd’hui le bon sens trouve une résonance partagée sur les routes de la transition écologique engagée en ce 21e siècle

OLIVIER DE SERRES en 1600 ( Le théatre d'agriculture et mesnage des champs). écrit en vieux français

  La poule : "La plus souhaitable race de poules, est celle qui a la délicatesse de la chair, fournit des oeufs en abondance,la plus-part des saisons de l'année. Telles qualités se treuvent le plus souvent en celles qui sont de moyenne corpulence, qu'ès autres trop grandes ou trop petites, et ès noires et tanées, qu'ès blanches, emplumées de couleur claire. Les noires par dessus les autres sont louées des médecins, pour la qualité de leurs oeufs, qui sont fort sains, et de la ménagère pour abondance: attendu que les poules de pennage noir, sont plus joyeuses et robustes, que celles de blanc. Pour cceste cause aussi sont moins prisées les blanches,qu'elles sont plus sujettes au oiseau de proie, que les noires: par facilement se descouvrir de loin leur couleur. La creste pendante d'un costé est signe certain de fertilité. les ergots et esperons hautement posés à costé des jambes(marque masculine), la difficulté de se laisser couvrir, dont elle est et moins fertile en oeufs, et moins propre à couver ; par impatience cassant les oeufs avec ses ergots " .

 Le coq : " Que le coq soit de moyenne taille, toutes-fois plus grand que petit: de pennage noir ou rouge-obscur; ayant les pieds gros,garnis d'ongles et de griffes, avec les ergots forts et acérés : les jambes fortes ,et tout cela de couleur jaune : les cuisses massives et fournies de plumes : la poictrine large : le col eslevé et fort garni de plumes de diverses et variantes couleurs, comme dorées, jaunes, violettes ou rouges : la teste grosse et eslevée: la creste rouge comme escarlate; grande, redoublée, crespelue : le bec gros et court : les yeux noirs et brillants; les aureilles larges et blanches; la barbe longue et pendante: les aisles fortes et bien fournes de pennage: la queue grande et haute, la portant redoublée par dessus la teste. sera aussi le coq esveillé, chaud , courageux, remuant, robuste, prompt à chanter, affectionné à défendre ses poules, et à les faire manger.".  

 "moins de deux coqs ne doit-on entretenir, car qui n'en a qu'un, n'en a poinct ,  pour les fréquentes et inopinées pertes qui en aviennent.. dont ainsi pouveus, quand un coq défaut , l'autre y supplée, en attendant nouveau secours : sans quoi demeureroit-on en peine........A deux coqs conviennent vingt-cinq ou trente poules, puis que la charge d'un seul est de douze ou quinze ".....

 "Pour couver,seront choisis de grands oeufs, car de tels, comme a esté dict, vient la grande poulaille. Et si on désire avoir plus de masles que de femelles, y en mettra-on plus de poinctus que de mousses :d'autant que selon l'antique et curieuse recerche, de ceux-là sortent les coqs, et de ceux-ci les poules.....Mais on les choisira de dix ou douze jours, et fort pesans, c'est assavoir jusques là, que l'eau ne les puisse porter. Par laquelle espreuve, l'on discernera les bons oeufs d'avec les mauvais, quand en les plongeant tous dans   tous dans l'eau fresche, l'on rejette pour couver ceux qui nagent au dessus,retenant les autres qui tumbent au fond,comme aussi les meilleurs à manger.....Est de besoin prendre garde à la lune, d'autant que plus facilement naissent les poulets en sa montée, qu'en sa descente :par quoi faudra mettre couver les oeufs sur la fin du croissant, pour esclorre au commencement d'icelui."

  Nota : Ce texte était écrit en vieux français